Je démarrais ce blog à la fin de l'année dernière lors d'une période de calme professionnel. Désormais active (bien que
non-rémunérée, ne nous emballons pas, je reste une jeune diplômée du secteur
culturel), le rythme relativement soutenu des chroniques va inévitablement
ralentir. Pour parer au manque, les posts se feront plus variés ;
actualités concernant les musées et l’histoire de l’art, œuvres ou artistes qui
me touchent particulièrement, et plein d’autres trucs super sympas que je ne
vous spoilerai pas maintenant. Bref, des sujets qui me demanderont moins de temps mais qui
vous permettront toujours de procrastiner (ben oui, je pense à vous quoi).
Autre nouvelle mesure, les futurs posts seront
également disponibles en anglais: n'hésitez donc plus à rameuter vos BFF non-francophones.
Chronique d’une restitution à l’amiable
En 1964, le Kunstmuseum de Bâle acquiert
légalement et honorablement plusieurs œuvres de l’artiste russe Kasimir
Malevitch (1879 – 1935) lors d’une vente aux enchères à Londres. En 2010, les
héritiers du peintre, estimant que les œuvres en question (deux gouaches et une
soixantaine de dessins) leur appartiennent, déposent une plainte contre le
musée suisse afin de les récupérer.
Leur raisonnement est le suivant : en
1927, alors que Malevitch est à Berlin, il est soudainement sommé de rentrer à
Leningrad. Il s’y rend sur-le-champ, laissant derrière lui une quantité
d’œuvres qu’il prévoyait d’exposer en Europe – parmi elles se trouvent les
gouaches et les dessins du Kunstmuseum de Bâle. Le peintre ne quittera plus
jamais l’Union Soviétique et toutes ces œuvres, abandonnées chez des amis à Berlin, se
retrouvent sur le marché, alors qu’il n’en a, a priori, jamais fait la demande.
La famille Malevitch juge donc qu’elles ont été vendues sans l’accord de
l’artiste, autrement dit illégalement, et que, par conséquent, elle possède le droit
légitime de les récupérer.
Le 20 janvier dernier, le Kunstmuseum de Bâle
et les héritiers de Malevitch parviennent à un accord à l’amiable. Les œuvres
sont restituées à la famille du peintre, mais seulement une, Paysage avec
Maisons Rouges, sera transférée en Russie. Les autres restent à Bâle, en prêt à durée
indéterminée.
Kasimir Malevitch, Paysage avec Maisons Rouges, 1910, gouache, © |
Je précise que d’autres accords à l’amiable ont
précédemment été conclu par la famille Malevitch avec le MoMA de New York ou
encore le Stedelijk d’Amsterdam. Ce genre d’affaires soulève un nombre infini
de questions, principalement autour de la notion responsabilité. La
responsabilité du musée, des collectionneurs, des marchands d’art, des amis de
Malevitch, de leurs héritiers, mais aussi la responsabilité du peintre et de sa
famille. Alors ? Qu’en pensez-vous ? Qui devrait prendre la
responsabilité de ventes illégales réalisées il y a presqu’un siècle ? La
requête des héritiers de Malevitch vous semble-t-elle évidente ? La
position du musée est-elle sans reproche ? Et l’accord est-il
satisfaisant ?
Interlude
After a few weeks of
blogging and (almost) as many posts, time to review and adjust a couple of
things!
First of all, Museum
Chronicles is now also available in English. As I’m not really
computer-friendly I still haven’t found a proper way to do this, so for the
time being please scroll down on each post to access the English version.
As I am now
professionally active (although still not paid, who am I kidding, just
graduated in the cultural sector), exhibitions’ posts might will become
less frequent. In order to still provide you with some procrastination
material, I will however extend my editorial line to news and updates on
museums, art history, works of art, artists, and many other things that will
require less time to prepare but will still allow you to waste some. Such as
the following:
Settlement Chronicle
In 1964, Kunstmuseum
Basel legally and honorably acquires a couple of works by Russian artist
Kasimir Malevitch (1879 – 1935) at an auction sale in London. In 2010, the
painter’s heirs, considering that these works (two gouaches and about sixty
drawings) belong to them, register a claim to the Swiss museum in order to get
them back.
Their reasoning is the
following: in 1927, while Malevitch is in Berlin, he is suddenly called back to
Leningrad. The painter immediately departs from Germany, leaving behind a great
amount of works that he was planning to exhibit in Europe – among them,
paintings and drawings now in Kunstmuseum Basel. Malevitch was never to leave
Soviet Union again and all those works, abandoned to his Berlin friends, started to
appear on the market although he does not seem to have asked for it. The
painter’s family thus concludes they have been sold without his authorization,
in other words illegally; they therefore consider they have the legitimate
right to get them back.
On the 20th of
January, Kunstmuseum Basel and Malevitch’s heirs came to an agreement. The
works are returned to the painter’s family, however only one painting, Landscape
with Red Houses, will be brought back to Russia. The other works remain
in Basel, in the form of a loan for an indefinite period.
Kasimir Malevitch, Landscape with Red Houses, 1910, gouache, © |
FYI, previous settlements
similar to this one have been reached by the Malevitch family and museums such
as MoMA NY and Stedelijk, Amsterdam.
Such cases bring up an
infinite number of questions, mainly revolving around the notion of
responsibility. Responsibility of the museum, of collectors, of art dealers, of
friends of Malevitch and their families, but also responsibility of the painter
and his heirs. So what do you think? Who can be held responsible for illegal
sales made almost a century ago? Does Malevitch family’s request seem obvious
to you? Is the museum’s position without reproach? And is the settlement
satisfying?
source: the Art Newspaper
source: the Art Newspaper