On a rarement vu plus racoleur que l’affiche de l’exposition d’été de la
Fondation Gianadda. Ou comment jeter à la figure des badauds un name dropping
pas du tout nécessaire – Le mythe de la couleur, la collection Merzbacher aurait été un titre
suffisant et n’aurait pas paru aussi désespéré. Sans compter que seul un Picasso et sauf erreur un seul Van Gogh sont présentés... presqu'une publicité mensongère....
Mais l’on doit reconnaître la corrélation réussie entre l’affiche et
l’expo : les deux donnent la nausée. La première par sa stratégie
marketing des plus désolantes et la seconde par son manque total d’innovation.
Les fauves et les expressionnistes, et toute l’équipe d'entre-deux. Ah voilà.
Ch(è)res directeurs-trices/conservateurs-trices qui vous obstinez à exposer en
boucle les mêmes artistes, il est grand temps de reposer les livres de compte
et d’aller vous fournir en manuels d’histoire de l’art. Non, la première partie
du 20e siècle ne se résume pas à Matisse/Picasso et Cie. Et oui, le
19e siècle comporte d’autres artistes que Manet/Monet et Gauguin/Van
Gogh. Croix de bois, croix de fer. Votre carnet des charges n’est pas celui
d’une multinationale: faire des entrées c’est bien; stimuler les visiteurs, c’est
mieux. A part mamie qui peut enfin s’acheter le linge de cuisine Tournesols pour compléter sa
collection, tout le monde s’ennnnuuuuuuuuuiiiie dans vos expos
impressiono-fauvo-cubo-expressiono-[insérez le mouvement]-vulgaires. Du coup, les
œuvres, aussi belles et intéressantes soient-elles, deviennent transparentes –
impossible de les apprécier, tellement on en est gavé. Un gavage visuel qui
prouve tristement que le business de la culture a pris la place de la réflexion
dans l’agenda de nombreux musées. Et j’exagère à peine.
Cependant, toute cette frustration est contrebalancée par Hommage à l'absente, exposition de
photographies de Léonard Gianadda dédiées à son épouse Annette, décédée en
décembre 2011. Le couloir menant au sous-sol du musée offre un calme reposant après les surenchères de claques multicolores du rez-de-chaussée.
À travers une poignée de photographies sont re-contés des instants de vie, témoignages d’une existence vécue à deux, du partage d’une âme et d’une complicité exclusive. L’on est soudain face à l’amour et à la mort, dans leur grandiose et leur douleur, dans leur banalité et leur essentiel. Ce sablier visuel égrène l’intimité d’une histoire d’amour ressemblant à tant d’autres : une jeune femme, belle et amoureuse, photographiée par son homme, tout aussi beau, tout aussi amoureux. On savoure le bouleversement que provoquent ces images, toutes de noir et de blanc, un souffle sans couleur justement, qui diffuse l’absence et laisse silencieux.
Léonard Gianadda, Annette Pavid, Pully, 1957 |
À travers une poignée de photographies sont re-contés des instants de vie, témoignages d’une existence vécue à deux, du partage d’une âme et d’une complicité exclusive. L’on est soudain face à l’amour et à la mort, dans leur grandiose et leur douleur, dans leur banalité et leur essentiel. Ce sablier visuel égrène l’intimité d’une histoire d’amour ressemblant à tant d’autres : une jeune femme, belle et amoureuse, photographiée par son homme, tout aussi beau, tout aussi amoureux. On savoure le bouleversement que provoquent ces images, toutes de noir et de blanc, un souffle sans couleur justement, qui diffuse l’absence et laisse silencieux.
Léonard Gianadda, Annette Pavid et Léonard Gianadda, Lausanne, 1957 |
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