13.12.11

Ferdinand Hodler: Oeuvres sur Papier, Genève, Cabinet d’Arts Graphiques, 10 novembre 2011 – 19 février 2012

« La création hodlérienne implique un processus empirique de composition. Ainsi l’idée ou l’intuition premières engendrent une multitude d’essais, de reprises, d’esquisses… », extrait d’un label de l’exposition.

Le Cabinet d’Arts Graphiques de Genève s’est mis pour objectif de révéler un aspect « méconnu » de l’œuvre de notre bon vieux Ferdinand national lors de son exposition d’hiver. Vu qu’il est presque impossible de faire deux pas dans un musée CH sans tomber sur l’une de ses œuvres, faut avouer que l’appât est un peu risqué. Néanmoins, avec un fond de plus de 750 esquisses et études ainsi que 241 carnets de croquis, le Cabinet d’Art Graphiques a de quoi jouer la carte de l’inédit.


Étude pour un autoportrait, 1891 Mine de plomb, plume et lavis d’encres grise et brune, 114 x 145 mm, Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire, © MAH, Genève, photo : André Longchamp

Dessins, études, lithographies et carnets occupent les quatre salles de l’expo, divisée thématiquement. Un accrochage selon le processus d’élaboration permet de suivre facilement l’évolution de certains projets ; ainsi dans la première salle se succèdent sept dessins et études d’une figure féminine, de la simple ligne contour au remplissage couleur en passant par le travail du clair-obscur. La jeune femme se retrouvera tout à droite dans la version finale de Regard dans l’infini de 1916 (Kunstmuseum Winterthur). Dans la deuxième salle, les études préparatoires pour l’Autoportrait de 1916 (MAH) témoignent de l’inouï talent d’Hödlerli pour la ligne – en particulier le dessin sur papier calque.



Etude de figure pour Le regard dans l'infini, 1915 - 1916, feuille: 431 x 263 mm, crayon noir, gouache, gouache brique (au verso, contour décalqué), aquarelle, sur papier blanc mis au carreau au crayon noir, © MAH, Genève

Les carnets présentés dans les vitrines sont ouverts à des pages pertinentes, en corrélation avec les feuilles accrochées aux murs. Un écran tactile dans la dernière salle permet également de feuilleter et de zoomer sur certains carnets. La visite est par conséquent très interactive et le visiteur-détective est encouragé à chercher les différentes étapes de la création d’une œuvre. Un grand merci aux commissaires d’expo d’avoir eu la présence d’esprit de mettre à disposition des images couleur des versions finales ainsi qu’une liste des œuvres concernées accrochées au MAH (Musée d’Art et d’Histoire), à 100 m. de là. Bien que ça puisse paraître évident, un nombre ahurissant d’expositions sont incapables de fournir un tel service. La simplicité et la clarté des explications données au sujet de différentes techniques de copie et de report, telles que la vitre de Dürer ou le poncif, sont également à saluer.

Aucun panneau de présentation par salle ; leur titre ainsi que les labels individuels des œuvres – relativement longs – donnent toutes les informations nécessaires. Faciles à lire, utiles et intéressants, les textes font cependant parfois un peu grincer des dents avec quelques envolées interprétatives. Dans l’Autoportrait dit ‘de Néris’, il semblerait que du « visage au regard pénétrant » d’Hodler « émane une interrogation muette sur le sens et la durée de l’existence ». Hum. Pas très évident à identifier, ce genre d’interrogation. Si vous ne discernez pas la « part d’éternité qu’Hodler donne à voir au soir de sa vie » dans un paysage du lac Léman, ne vous inquiétez pas non plus, c’est toujours un peu difficile à reconnaître, les parts d’éternité.

En résumé, une expo très agréable et bien conçue qui vaut la peine d’être vue. Le visiteur pourra non seulement découvrir le processus de création d’un des plus importants peintres suisses (je n’ose pas marquer LE mais mon cœur y est), mais également se régaler d’esquisses, de dessins et de lithographies de qualité. Mes préférés : la lithographie de la figure de gauche du Printemps (1901), l’étude de l’Automne (1893), l’étude pour l’Autoportrait du Parisien (1891, version finale au MAH), l’étude pour le portrait de Vibert James l’invincible carougeois (vers 1907) et encore la lithographie de sa seconde épouse, Berthe (1909). Et les vôtres ?

Etude pour Le Printemps, sans date, lithographie au crayon, image 675x 435 mm, Cabinet d'arts graphiques du Musée d'art et d'histoire, © MAH, Genève, photo: André Longchamp  
Etude pour L'Automne, 1893, 635 x 395 mm, mine de plomb, aquarelle, rehauts de gouache et d'huile, certaines parties vernies, sur papier beige, collé en plein et monté sur carton, © MAH, Genève 
Portrait de Berthe Hodler. Étude pour le médaillon  du billet de banque de 100 francs, 1909, Crayon noir et encre de Chine, 144 x 115 mm, Cabinet d’arts graphiques du Musée d'art et d'histoire, dépôt du Fonds cantonal d'art contemporain de l’État de Genève, © MAH, Genève, photo : Bettina Jacot-Descombes

P.S. A ne pas manquer: l’étonnant canard à lunettes et haut de forme dans un des carnets de croquis.

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